Avant mes 15 ans je n'avais aucun style vestimentaire. Je ne dis pas que je m'habillais comme un sac (encore que, mais ceci est une autre histoire), plutôt que je ne prêtais pas de réelle attention à ce que je portais.
J'ai compris dès le début du collège que les vêtements que j'aurais voulu porter m'étaient inaccessibles. La mode à l'époque me plaisait, mais c'est ma mère qui gérait le contenu de nos armoires. Et elle n'a accepté que très rarement de me céder des pièces réellement « in », parce que c'était de la marque, ou en tout cas assez tendance pour être plus cher qu'une pièce plus simple. De ce fait, j'avais des vêtements « par défaut », et assez vite j'ai abandonné l'idée de pouvoir ressembler aux icônes que j'admirais. Je m'arrangeais donc juste pour que ce que je me mettais sur le dos aille ensemble et c'était tout.
Vers 14-15 ans j'ai découvert la magie d'Internet.
J'ai ouvert la boîte de Pandore -version cool- et mon monde s'est étendu jusqu'au Japon. J'aimais déjà les mangas et les animes, alors un garçon m'a fait écouter BoA, puis Gackt, puis miyavi, on m'avait perdue. Très vite je me suis plongée dans le Visual Kei et le J-rock, peut-être par opposition avec tout ce que j'appréciais jusqu'à ce moment là. Je découvrais des univers hauts en couleurs (ou pas) et toute une communauté me tendait les bras avec enthousiasme. J'ai laissé de côté cette culture dans laquelle j'avais baigné depuis toujours et où pourtant je ne me suis jamais réellement sentie acceptée.
Pourquoi je parle de ça ? Parce que c'est à ce moment là que ma garde robe a commencé à évoluer. Petit à petit elle a été influencée par la culture japonaise dont je me nourrissais pour modeler ma personnalité. En pleine période où je me cherchais, j'ai trouvé de nouveaux modèles qui m'ont permis de sortir de mon état spectral tout en adressant un énorme doigt d'honneur au monde de la « normalité » qui me rejetais sans cesse malgré mes efforts pour m'intégrer. Et en plus je commençais à me trouver intéressante à regarder, voir assez jolie parfois, c'était tout bénef'.
Mes parents me donnaient un peu de sous quand je sortais, sous que je dépensais dans des boutiques à Bastille ou en conventions (vous connaissez les bails). Puis j'ai eu un compte en banque et j'ai commencé à commander sur Internet, les choses sérieuses étaient en marche.
J'étais en quête d'appartenance, et pourtant je ne me suis jamais glissée dans une case. Quand on me demandait quel était mon style je ne savais pas quoi dire, et quand on m'appelait « la gothique » au lycée, je ne corrigeais que rarement.
Un peu « soft grunge otaku » (???) au début, mes placards se sont remplis de vêtements plus spécifiques aux modes alternatives japonaises, dites mode Harajuku. Ça allait de l'inspiration Visual Kei, à la tendance Fairy Kei, en passant par l'Oshare Kei, et sans oublier quelques accessoires Lolita qui sortaient d'on ne sait où. J'avais même quelques pièces un peu Gyaru. Je ne me suis jamais fixée sur un style, et je les mélangeais volontiers. Je m'habillais en fonction de mon humeur et de mes envies. En général, les gens ont une cohérence vestimentaire que moi je n'avais pas.
Je ne dis pas que je suis unique et exceptionnelle. Juste, je fais parti des gens qui piochent un peu partout, et papillonnent sans se poser réellement quelque part. Parce que ma personnalité est trop complexe et ambivalente pour ça (t'as vu).
À quoi mène donc cet article (qui j'ai l'impression va être beaucoup trop long) ?
Eh bien à maintenant. Maintenant j'ai perdu une grande partie de ma personnalité vestimentaire. Après l'âge d'or du lycée (lol non), au fil des années j'ai de moins en moins soigné mes tenues. Ça s'est fait très insidieusement, je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite, et le temps que je le réalise, je m'étais coincée dans un système de praticité et de osef-ité qui effaçait petit à petit la folie qui caractérisait mon apparence. Il y a bien eu des sursauts parfois, mais depuis trois ans et demi je dirais, c'est le calme plat dans mes vêtements.
Il y a plusieurs raisons à ça, les goûts qui évoluent, le porte monnaie qui ne suit pas (la vie étudiante, toussa), une grande prise de poids en peu de temps, et je pense que j'ai fait une dépression aussi.
À présent, je m'habille de façon plus ou moins classique, et je passe inaperçue dans la rue. Alors qu'il y a dix ans cet état de fait me rendait terriblement mal à l'aise, là, ça va. Il faut dire que maintenant j'arrive à trouver des vêtements de moldus qui me plaisent, et je ne suis plus dans le rejet systématique du monde moldu qui m'entoure, ça aide. (Je n'aime pas le mot « normal » et j'en ai marre du mot « classique ».)
Si ça me va de m'habiller en moldue, alors pourquoi je vous bassine depuis trois quarts d'heure avec mes histoires de fringues hein ? Et bien parce que je m'ennuies dans mes placards voilà pourquoi nom d'une pipe en bois !
Oui, je suis plutôt à l'aise quand je sors dans la rue, mais plus le temps passe, et moins j'arrive à cerner ma personnalité quand je me regarde dans un miroir. Je suis toujours complexe et ambivalente, je suis toujours très attirée par les univers alternatifs, et je ne vois rien de tout ça sur moi. Ça peut paraître futile et matérialiste, et peut-être que ça l'est, mais ça me manque. Les vêtements sont pour moi un mode d'expression de ma personnalité, et j'ai le sentiment de ne plus rien dire d'intéressant depuis trop longtemps.
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Image prise sur leur Instagram |
Si j'ai écrit cet article aujourd'hui ce n'est pas par hasard.
Je suis depuis ses débuts une communauté sur la mode Harajuku. Ça s'appelle Street Japan Style, c'est tenu par des passionnées qui organisent régulièrement des évènements, comme la Harajuku Fashion Walk, des meetings ou vides dressings. Le but étant de se retrouver entre passionnés/intéressés par la mode Harajuku, dans une ambiance décontractée, et dans des endroits cools. Jeudi était organisé un meeting en petit comité à Disney.
Jusque là je n'avais participé à aucun événement parce que tout se passe en Ile de France (et j'habite à Lyon), parce que les dates coïncidaient rarement avec mes vacances, et parce que je suis timide. Et aussi parce que je n'étais pas sûre d'être vraiment légitime et bien à ma place dans un mouvement autour d'une passion que je ne vis plus depuis longtemps.
Quand j'ai vu l'annonce du meeting à Disney prévu en plein milieu de mes vacances et dans un de mes endroits préférés, je me suis rassurée comme j'ai pu et je me suis inscrite. Participer à cet événement c'était comme remettre un pas dans ce monde que j'ai quitté et qui me manque. La journée était géniale, j'ai rencontré des nanas accueillantes et drôles, je me suis tout de suite sentie à l'aise (il va falloir que je bosse ma capacité à tenir décemment une conversation avec autrui, par contre).
Je ne saurais pas l'expliquer, on n'a quasiment pas parlé de mode, ce n'était pas le but, mais j'ai tout de même le sentiment que c'est un peu le tremplin qui me propulse vers un renouveau vestimentaire. Maintenant il ne tient qu'à moi de ne pas perdre cet élan.
Comme se morfondre est inutile, je vais essayer d'agir, et de renouer avec le plaisir de jouer avec les pièces et de créer des tenues qui me ressemblent. C'est toute une garde robe qu'il y a à étoffer, mais surtout toute une façon de réfléchir mes tenues qui est à réanimer.
J'ai pas mal évolué, pour ne pas dire « mûri » parce que ça voudrait dire que ce que je portais avant était forcément l'expression de l'immaturité. Ce qui me plaît maintenant, ce qui correspond à ma personnalité visuelle, c'est le Mori Kei, le Strega, le Steampunk (oui je sais rien à voir, mais vous avez lu l'article : ambivalence, toussa). Ce sont ces styles là que j'aimerai explorer, expérimenter.
Y a plus qu'à.
Allez voir du côté de Street Japan Style, c'est cool !
je dis oui cent fois oui reviens du coté sombre de la force hahaha
RépondreSupprimersurtout que t'es pas obligée d'etre completement lookée h24, mais si tu viens aux meets et tout ca te fait une motivation et l'occasion de choper un peu d'inspi chez les autres, encore qu'on a plus de FK et lolita qu'autre chose, dommage on voit moins de styles dark et de mori.
au sujet des conversations, ouais franchement on parle de tout et de rien, ca arrive qu'on parle mode evidemment mais pas plus que ca en fait.
Je vais essayer de revenir oui ! x) Je vais essayer de me fixer des objectifs pour me remettre dedans tranquillement ^^
SupprimerC'est ce que je me dis pour les meetings et les walks, rien que les photos me motivent, je suis en admiration devant tant de passion et ça m'inspire. J'ai remarqué l'absence du mori, c'est dommage, et effectivement les styles darks sont peu représentés aussi finalement.
Mais je trouve ça bien de ne pas parler que de mode, c'était vraiment cool et je me sentais pas larguée en plus ! XD